Qui sont les miens?
Conductor:Simon Njami
“Nous essayons de débloquer ce petit quelque chose qui permettra aux participants de se considérer humain dans sa signification la plus ample … et de se procurer une distance critique envers ce qu’ils vivent et ce dont ils font l’expérience chaque jour.”
Simon Njami, leader AtWork Douala
AtWork Douala Chapitre 9 a été réalisé en collaboration avec la Galerie MAM, sa fondatrice, Maréme Malong, et doual’art, le centre d’art contemporain de Douala. AtWork essaye depuis toujours de s’intégrer dans le tissu artistique et créatif du pays. Cette fois-ci, le workshop a fait partie du programme OFF de SUD-Salon Urbaine Douala, un évènement triennal qui réunit artistes, philosophes et éducateurs provenant du continent africain et au-delà. L’édition 2017, curatée par Cécile Bourne Farell, intitulée “la place de l’humain” s’est particulièrement focalisée sur les générations futures.
Le workshop s’est déroulé à Douala au Cameroun du 5 au 10 décembre 2017 et a été dirigé par le renommé commissaire international Simon Njami, lequel a conduit 22 jeunes talents créatifs à travers le processus de AtWork, en réfléchissant au thème principal “Who are my people?” (Qui sont les miens?). Cette question apparemment simple a été le point de départ pour une intense discussion collective et pour une intime réflexion individuelle qui a poussé les participants à creuser en profondeur, tout en leur fournissant les outils pour une connaissance plus approfondie sur leur identité, leurs activités et leur capacité à déclencher des changements positifs dans la société. À la fin du workshop chaque participant a fournit une réponse artistique personnelle à cette question en élaborant un carnet.
“À travers ce workshop j’ai appris l’humilité. Connaître le sens exact des mots et des notions avant de les utiliser.”
Tally Mbok, participante AtWork Douala
Simon Njami est commissaire indépendant, professeur, critique d’art et écrivain. Il a été co-fondateur et éditeur-en-chef de La Revue Noire, directeur artistique de la Biennale de la photographie africaine de Bamako pendant dix ans, et co-commissaire du premier pavillon africain à la 52ème Biennale de Venise en 2007. Njami a réalisé de nombreuses expositions d’art africain et de photographie, y compris Africa Remix (2004/2007) et la première foire d’art africain qui a eu lieu à Johannesburg en 2008. L’exposition, The Divine Comedy, qu’il a conçue et curatée a commencé un tour mondial en 2014 depuis le MMK, (Museum fur Moderne Kunst ) à Francfort, pour continuer au SCAD Museum of Art (Savannah, USA) encore en 2014 et au Smithsonian Museum of African Art (Washington DC, USA) en 2015. Njami est directeur des masterclasses panafricains de photographie, projet qu’il a conçu avec le Goethe Institute, et il est aussi directeur artistique de la Fondation Donwahi en Côte d’Ivoire et le conseiller pour la collection Sindika Dokolo, et enfin, il est le secrétaire du jury spécialisé du prix World Press Photo. Il a été le directeur artistique de la première édition de la Biennale Off du Caire (2015) et de l’édition 2016 de Dak’Art, la biennale d’art de Dakar au Sénégal, la première et la plus importante de tout le continent africain.
“L’expérience de AtWork a lancé de la couleur sur tout mon futur”
Rostand Pokam, participante AtWork Douala
Le workshop s’est tenu auprès de la galerie MAM de Douala, le lieu idéal pour cet événement du fait de son espace expositif, de la bibliothèque et du jardin. Les participants ont enclenché une discussion collective, qui a tout de suite mis en doute leur idée de “qui sont les leurs” et cela, à travers le débat, la présentation et la critique de leurs œuvres, et en fin, par la conception de projets créatifs personnels à réaliser sur le carnet. Le processus a commencé par le biais de réponses générales, impersonnelles, construites, pour arriver finalement à la remise en question profonde de sa propre identité, dépassant la centralité de concepts comme “moi”, “mien”; un parcours de simplification qui a conduit à l’essence. L’expérience a été enrichie par l’intervention de Nadine Bilong, l’une des commissaires invitées à la Biennale Dak’Art en 2016, et de l’artiste en visite à SUD, Michelle Magema, qui a partagé la vision de sa démarche artistique et tout particulièrement de sa performance réalisée pour SUD 2018. Pour ces jeunes artistes le workshop a été une occasion unique de rencontres, de débats et la possibilité de se confronter avec des artistes locaux et internationaux et avec des commissaires d’art.
“Le fait d’établir un contact si intime, si personnel avec un leader de la renommée de Simon, d’avoir été capable de discuter de mon travail avec lui, d’avoir reçu en directe de sa part, des idées, des conseils et des critiques et de pouvoir de la sorte modifier ma propre pratique, et en fin, de passer du temps avec lui, est certainement la péculiarité de ce workshop et un privilège qu’on ne trouve pas à l’université”.
Gabriela Badjeck, participante AtWork Douala
Les carnets Moleskine créés par les participants pendant le workshop ont été exposés à la Galerie MAM. L’exposition co-curatée par les participants du workshop sous la supervision de Simon Njami a été inaugurée le 12 décembre 2017 pour se terminer le 19 janvier 2018. Le vernissage a convoyé les figures principales de la scène culturelle de Douala, les artistes internationaux invités à SUD 2018, la fondatrice de doual’art Princesse Marylin Douala Bell, la curatrice de l’édition 2018 Cécile Bourne Farell et les passionnés culturels locaux. Les participants AtWork ont réalisé une performance autour du thème « Qui sont les miens?” et ont partagé leur expérience du workshop avec le public.
